Meka est un vieil homme respecté dans son village. Il a toujours obéi aux autorités coloniales et à l’Église, convaincu que les Blancs représentent la justice, Dieu et le progrès. Depuis longtemps, il a accepté de céder ses terres pour la construction de la mission catholique, sans protester, persuadé que ce sacrifice serait reconnu. Un jour, la nouvelle se répand dans le village : Meka va recevoir une médaille de l’administration coloniale. Pour les siens, c’est un événement exceptionnel. Jamais un Africain du village n’a reçu un tel honneur. Meka devient soudain l’objet de toutes les attentions. On le salue avec respect, on le regarde avec admiration, et lui-même commence à croire que les Blancs reconnaissent enfin ses efforts et sa loyauté. La perspective de la cérémonie le remplit de fierté mais aussi d’inquiétude. Il veut bien faire, ne pas commettre d’erreur. Il se prépare avec soin, choisit ses plus beaux vêtements et se rend à la Résidence du commandant, le cœur rempli d’espoir. Il s’imagine que